Secteur aéronautique : l’Autorité de la concurrence donne son aval au rachat de Cobham Aerospace par Thales

En juillet 2023, le groupe Thalès avait annoncé être en négociations pour le rachat de Cobham Aerospace, auprès du fonds Advent International, pour environ 1,1 milliard de dollars. L’Autorité de la concurrence, à laquelle Thalès a notifié son projet de prise de contrôle exclusif de l’équipementier britannique, vient d’autoriser l’opération sans conditions par une décision en date du 25 mars.

Le groupe acquéreur, Thales, est contrôlé conjointement par l’Etat français et le groupe Dassault. Actif dans les secteurs de l’aéronautique, de l’espace, du transport terrestre, de la sécurité et de la défense, il offre une large gamme de produits et services adaptés aux besoins civils et militaires, en particulier dans l’aéronautique.

La cible, Cobham Aerospace, détenue par le groupe britannique Cobham Limited, lui-même contrôlé par le fonds d’investissement Advent International Corporation, propose et développe des produits destinés à la communication et à la connectivité en vol, pour des clients de l’aviation civile et militaire.

A l’instar de la Commission européenne, dans les affaires M.3649 FINMECCANICA/BAES AVIONICS & COMMUNICATIONS et M.6410 UTC/GOODRICH, l’autorité française de concurrence se prononce, pour la première fois, sur les marchés des produits avioniques, qui englobent une large gamme d’équipements électroniques, présents dans les cockpits des aéronefs et liés à la communication et la navigation en vol, aux systèmes de commande ainsi qu’au contrôle des aéronefs. Principalement achetés par des avionneurs ou des hélicoptéristes, comme Airbus, Boeing, Gulfstream ou encore Dassault, ces produits sont, soit directement assemblés sous la forme de « suites avioniques », soit sous forme de pièces détachées.

Tandis que Thalès est un important producteur de produits avioniques, Cobham Aerospace fournit des équipements de gestion de l’audio et de la radio, des systèmes en vue de réaliser des communications satellitaires pour garantir la sécurité des vols, ainsi qu’une gamme d’antennes permettant à certains produits avioniques de fonctionner en les commercialisant directement aux avionneurs et hélicoptéristes, ou aux concepteurs de suites avioniques, tels que Thales.

Même si le rapprochement des parties conduit Thalès à renforcer son portefeuille de produits avioniques, l’Autorité considère toutefois que l’opération n’est pas de nature à produire des effets anticoncurrentiels.

D’une part, la concentration n’est pas de nature à porter atteinte à la concurrence par le biais d’effets horizontaux dans la mesure où les chevauchements d’activité demeurent modérés et les parts de marchés des parties relativement limitées. Par ailleurs, les effets de l’opération sont contrebalancés par la présence de concurrents sur ces marchés et par l’existence d’un contrepouvoir significatif des clients.

D’autre part, l’opération n’induit pas non plus de risques d’effets verticaux, soit par verrouillage de l’accès des concurrents des parties aux produits vendus par la cible (verrouillage du marché par les intrants) ou soit par refus d’achats par Thales de produits vendus par les concurrents de la cible (verrouillage de l’accès à la clientèle). D’abord, les parts de marché parfois élevées des parties ne concernent qu’un nombre limité de marchés. Ensuite, un impact négatif de l’opération sur la concurrence est peu probable eu égard à la présence d’alternatives concurrentielles crédibles et à l’existence d’un contrepouvoir de la clientèle.

Enfin, l’Autorité a écarté tout risque d’effets congloméraux qui pourraient résulter de l’opération à la suite du renforcement du portefeuille de produits avioniques de la nouvelle entité, compte tenu du nombre de marchés limité sur lesquels la nouvelle entité détient des parts de marché significatives, de l’existence d’alternatives aux produits proposés, et des modalités d’approvisionnement en produits avioniques qui confèrent aux clients un contrepouvoir important. Enfin, selon l’Autorité, ces stratégies conglomérales auraient des effets limités sur les marchés compte tenu de la capacité des principaux concurrents de la nouvelle entité à les répliquer.

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